LE MEXIQUE A PARIS
Teotihuacan, puissante cité de l'Ancien Mexique au déclin brutal et mystérieux, revit à partir de mardi au musée du Quai Branly à Paris où sont exposées 450 pièces dont bon nombre n'ont jamais été montrées en Europe et proviennent souvent de fouilles récentes.
Une
quinzaine de sculptures monumentales, de magnifiques peintures murales,
des masques rituels, des statuettes-offrandes, des céramiques, issues
essentiellement des collections mexicaines, sont présentées dans une
scénographie adaptée au grand public.
Le nom véritable de cette
cité-état, qui dura huit siècles (de 150 avant Jésus-Christ à 650 apr.
J.-C.), reste inconnu. Mais les Aztèques, en la redécouvrant plus tard,
la baptisèrent "Teotihuacan", "le lieu où naissent les dieux". A partir
de ses pyramides, ils bâtirent un mythe autour de la création du monde
qu'ils utilisèrent pour asseoir leur légitimité politique.
Située à une quarantaine de kilomètres de Mexico,
la ville accueille chaque année des millions de visiteurs. Pour ceux
qui ne se sont jamais rendus au Mexique, l'exposition qui se tient
jusqu'au 24 janvier, offre une belle occasion de découvrir cette cité
fascinante.
"Il s'agit de la plus grande exposition jamais consacrée
à Teotihuacan", déclare à l'AFP Miguel Baez, directeur de projet à
l'Institut national mexicain d'anthropologie et d'histoire (INAH).
D'abord présentée au Mexique, elle entame une tournée européenne qui la
conduira ensuite à Zurich et à Berlin.
Son commissaire, Felipe
Solis, directeur du musée national d'anthropologie de Mexico, qui
portait le projet depuis trois ans avec Stéphane Martin, président du
musée du Quai Branly, est décédé brutalement fin avril. Un hommage lui
sera rendu mercredi.
C'est par une sculpture monumentale d'un jaguar
montrant les crocs que le visiteur est invité à entrer dans la
puissante cité. Emblême du pouvoir politique, ce félin en pierre peinte
provient du complexe palatial de Xalla, situé près de la Pyramide du
Soleil.
Extrêmement structurée, la ville s'étendait sur 22 km2,
autour d'un axe principal, l'Allée des Morts, qui reliait un édifice
rituel au nord, la Pyramide de la Lune, à la Citadelle située au sud.
Une
grande maquette permet au visiteur d'acquérir des repères avant de se
lancer à la découverte de cette ville cosmopolite où vivaient jusqu'à
100.000 personnes. Divisée en quatre quartiers, elle comprenait environ
2.000 ensembles résidentiels. Chaque famille disposait d'un appartement
organisé autour d'un patio central.
"Tous les appartements était
décorés de peintures murales", plus ou moins élaborées selon
l'importance des occupants, explique M. Baez. L'exposition présente
plusieurs d'entre elles dont un remarquable fragment trouvé dans
l'ensemble dit "des animaux fantastiques".
Cité marchande, ouverte
aux échanges commerciaux, Teotihuacan était organisée de façon
"autoritaire et assez égalitaire, du moins en apparence", souligne M.
Baez.
Les fouilles récentes attestent de son militarisme et de son
recours à l'offrande de prisonniers. Des sacrifices humains étaient
organisés lors de cérémonies liées à la construction et à
l'agrandissement des édifices rituels.
La chute de Teotihuacan reste
largement inexpliquée. Vers 550 apr. J.-C., un gigantesque incendie
ravagea les principaux temples et habitations de prestige, conduisant à
son déclin rapide. Révoltes internes contre le pouvoir? Surpopulation?
Invasions étrangères? L'énigme demeure.
leparisien.fr (06-10-2009)